Le président Macron a, le 20 mars, sous la coupole de l’Académie française, prononcé un discours programmatique sur la place du français dans le monde et le plurilinguisme. On ne peut que se réjouir de cette prise de position, qui avait été préparée par des sortes d’assises et une large consultation en ligne orchestrées par l’Institut français. Affirmer que « le monde bruisse de notre langue », que « la langue française dit notre monde », que « la francophonie, c’est la langue française elle-même », que, pour cette « langue-monde », la France n’est qu’ « un pays parmi d’autres » et non un centre rayonnant, autant d’assertions ou de rappels bienvenus. Un ensemble de mesures quantitatives est par ailleurs annoncé ; par exemple le passage de 250 à 400 heures (voire 600) le volume des cours gratuits de français dans le cadre du Contrat d’intégration républicaine, ou encore  le passage de 200 à 500 d’ici à 2024 pour les établissements scolaires étrangers labellisés FrancEducation au titre de leur filière d’excellence bilingue francophone. La multiplication des annonces touchant l’accueil des étudiants étrangers, les médias, la création et les enjeux de l’avenir demanderait commentaires tout aussi multiples. L’espace présent ne le permet pas. Trois remarques seulement :

-          L’insistance sur le plurilinguisme, notable mais tardive dans le discours, reste ambigüe : il est question de la communication des et dans les  entreprises, de la traduction, des contacts de langues dans la francophonie.

-          La représentation que le discours donne du français est à dominante normative (Académie française oblige ?), mais en même temps ouverte aux rapports avec les autres langues et le projet de création d’un « collège des francophonies » (au pluriel) ne constitue pas exactement une reconnaissance de la pluralité constitutive de la langue.

-          Le volet de l’enseignement des langues autres que le français en France même n’a pas été abordé et, si la pluralité des créoles dans l’espace national a été rappelée, ni les langues autres présentes en France ni les langues régionales sur le territoire métropolitain n’ont été mentionnées.

Comme toujours, on attendra le passage des paroles aux actes, mais il est clair qu’une volonté de ne pas séparer français et pluralité des langues s’affirme à travers une série de propositions ponctuelles visant à faire bouger les lignes. Faut-il alors regretter l‘absence d’une véritable vision englobante ?

Daniel Coste